A l’occasion de la première édition de l’Entreprise du Futur 2016, Fabien BARDINET, Directeur Général de BALLYO s’exprime sur sa vision de l’entreprise du futur. Comment un spécialiste de la robotique concilie l’antagonisme humanoïde et humanisme ? Interview.
L’entreprise BALYO en quelques mots ?
« BALYO existe depuis une petite dizaine d’années. Nous transformons des chariots de manutention classiques en chariots de manutention robotisés. Le principe d’un chariot de manutention robotisé est qu’il est conduit par un robot au lieu d’un opérateur. Notre objectif est de replacer l’homme au cœur des activités de l’entreprise pour l’amener vers des tâches à plus forte valeur ajoutée ; le second, bien entendu, est de faire des économies de coût de production très importantes ; enfin, le troisième intérêt est d’amélioration sensiblement la sécurité du système.
La R&D BALYO est à l’origine d’un système de navigation unique et performant qui a su rendre une navigation complexe, en quelque chose de très simple à utiliser. Nous travaillons en partenariat avec le Groupe Fenwick. Nous équipons des machines de type Fenwick partout à travers le monde. Nous parvenons à le faire à un niveau de coût accessible aux PME et à un niveau de simplicité qui permet d’automatiser des flux que l’on imaginait pas d’automatiser jusqu’à maintenant. Par le passé, le prix de ces technologies était prohibitif et leur maniement complexe. Aujourd’hui, le prix est très peu cher et les systèmes, très simple d’utilisation .
Notre travail consiste à prendre des matières à un point A pour les emmener à un point B. C’est pourquoi nos clients sont essentiellement des industriels ou des logisticiens. De la PME telles que celles que nos clients de Rhône-Alpes, à de grands groupes planétaires qui ont 300 sites de production.
Les flux les plus simples à robotiser sont ceux qui sont les plus répétitifs et sur lesquels il y a peu de valeur ajoutée. En fait, on se rend compte que des flux complexes comme gerber ou dé-gerber à de grandes hauteurs aujourd’hui assurés par des opérateurs, sont faciles à découper en différentes actions plus simples grâce à l’automatisation. »
A quoi ressemble l’entreprise du Futur pour BALYO ?
« Pour nous, l’entreprise du futur au sens large est une entreprise qui avant tout, replace l’homme au centre de l’entreprise. L’idée est de permettre à chacun de contribuer au mieux de son potentiel, avec de plus en plus de valeur ajoutée.
C’est aussi une entreprise qui s’appuie sur la technologie, le numérique, la robotique, sur l’évolution technologique et toutes les technologies modernes. De la même façon que l’on a mécanisé l’industrie il y a 150 ans, aujourd’hui cette industrie se numérise. Dans les deux cas, c’était pour permettre à l’homme de progresser. Permettre à l’homme de quitter des tâches sans valeur ajoutée aucune pour aller vers des tâches de plus en plus riches et de plus en plus efficaces. Utiliser la technologie pour permettre à l’homme de progresser. C’est ça l’entreprise du futur pour BALYO ! »
Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a conduit chez BALYO ?
« Personnellement, je suis tombé dans la techno il y a une dizaine d’années. Avant j’étais dans le secteur bancaire pendant une décennie et mon parcours est jalonné de différentes directions générales de sociétés à l’international. Mon saut dans la technologie robotique s’est fait par hasard avec l’aide d’un ami qui me l’a faite découvrir. J’ai été fasciné par la robotique humanoïde et pendant 6 ans, j’ai œuvré dans ce domaine. Par la suite, j’ai souhaité appliquer les mêmes technologies de la robotique au quotidien avec ma vision profondément humaniste.
Aujourd’hui, des personnes nous reprochent de vouloir supprimer le travail des caristes, personnes qui selon eux, ne sauraient rien faire d’autre et en aucun cas, contrôler des robots. A ces personnes nous rétorquons que le même cariste se sert parfaitement de son smartphone. Par le fait, il serait tout à fait à même de piloter un robot.
Il faut arrêter de vouloir faire des choses incompréhensibles qui rendent les choses tellement absconses que personne ne sait s’en servir. Il faut arriver à transformer des choses compliquées en choses simples et utilisables par tous. J’ai quitté la robotique humanoïde avec cette idée. Et c’est ce que nous faisons chez BALYO avec pour objectifs de permettre à chacun de progresser, d’être plus efficace, travailler moins et créer plus de richesses. »
Avez-vous vécue une transformation numérique notable chez BALYO ?
« Chez BALYO, on est numérique par essence, par définition, de bout en bout. Tout n’est que numérique chez nous ! On fait du numérique, on produit du logiciel, on conçoit numériquement … C’est dans notre ADN de base. On n’a pas eu à faire du numérique, on est numérique !
Une illustration peut être mise en avant par notre utilisation des robots de télé-présence. Cet outil est probablement le plus extraordinaire du numérique qui soit ! Chez BALYO nous sommes 60 personnes sur trois continents. En Europe, en Asie et aux Etats-Unis. Avec le robot de télé-présence nous travaillons tous ensemble. C’est très simple. Vous vous connectez au robot avec votre smartphone, celui-ci affiche votre image et sa caméra vous renvoie celle de votre interlocuteur. Vous conversez tout en vous déplaçant. De cette façon, mon patron des Etats-Unis frappe presque à la porte de mon bureau en France pour une réunion pendant laquelle, il sera assis devant moi. C’est redoutable d’efficacité !
Nous avons recours à cette technologie simplement parce que nos robots font entre 2 et 5 tonnes ce qui m’empêche de les déplacer facilement. Avec le robot de télé-présence, je vous fait une présentation guidée plus vraie que nature à 10 000 miles du client ! »
Et pour demain, quels sont les projets de BALYO ?
« Pour BALYO, notre challenge est d’aller vers toujours plus d’intégration entre l’homme et la machine. Il faut comprendre que BALYO vient du monde de l’automate. Le nom générique de nos produits est AGV pour Automated Guided Vehicles. L’automate est une machine d’états. Elle passe d’un état prédéfini à un autre état prédéfini. Elle ne prend pas en compte ce qu’il se passe entre les états si bien que si un imprévu se produit, elle s’arrête et ne peut passer dans l’état 2. C’est le monde des automates.
Le monde des robots est différent dans le sens ou le robot agit, prend en compte son environnement, utilise ce qu’il en a perçu pour calculer son état suivant. Le fondement du changement est lié à la capacité de perception avant l’action. Comme les capteurs qui arrivent sont de plus en plus performants, la perception de l’environnement n’en est que meilleure, meilleure et encore meilleure.
Je vous laisse imaginer ce que seront nos prochaines étapes … »
par FOULSHAM Éric . Mis à jour le 01 févr. 2016
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