Dominique Largeron
Après deux années d’existence, l’incubateur lyonnais exclusivement dédié aux femmes chefs d’entreprises se sent pousser des ailes. Il va prochainement donner naissance à une structure similaire à Grenoble, portant à seize ces incubateurs au féminin en France. Le bilan s’avère positif : pour ses promotrices, il correspond à un véritable besoin car les femmes ne se sentent pas obligatoirement très à l’aise dans les structures existantes.
Il y a deux ans naissait dans le quartier de Gerland à Lyon, le premier incubateur rhônalpin dédié exclusivement à l’entrepreneuriat féminin : « Lyon Pionnières ».
Fémimisme mal placé, défiance à l’égard d’un monde trop masculin qui serait jugé hostile ? Rien de tout cela lorsqu’on effectue le bilan, puisque ce premier incubateur au féminin se traduit d’abord par un succès. Il rassemble à ce jour vingt-deux entreprises et a déjà, en sus de l’emploi des chefs d’entreprise, créé plus d’une vingtaine d’emplois. Le réseau national dont il fait partie, riche de quinze incubateurs a, lui, déjà suscité depuis 2005, 244 sociétés, amenant la création de près de 700 nouveaux jobs dans l’Hexagone.
Une préférence pour les innovations sociétales
Mais surtout, il apparaît comme l’explique Claire Saddy, militante de l’entrepreneuriat au féminin et présidente de cet incubateur « Lyon Pionnières », il correspond à un véritable besoin. Il s’avère complémentaire car il ne s’est pas bâti contre les structures existantes.
« On constate-explique Claire Saddy-que dans les incubateurs ou les pépinières d’entreprises existants, 15 % seulement des projets sont portés par des femmes. Pourquoi ? Parce que les structures existantes sont le plus fréquemment basées sur des innovations technologiques. Or, les femmes sont aussi très souvent porteuses d’une autre source d’innovation beaucoup moins prises en compte dans ces pépinières : celle concernant les services, l’écologie ou l’humanitaire, très souvent retoquées dans ces pépinières ou incubateurs classiques. »
Ce que confirme Frédérique Clavel, présidente de l’Agence Pour la Création d’Entreprise (APCE) pour qui une structure comme « Lyon Pionnières » correspond à un véritable besoin. « D’abord (explique-t-elle) parce que les femmes ont tendance, contrairement aux hommes à ne pas se survendre. Mais aussi parce qu’elles ont une démarche itérative : elles ne vont pas tout de suite au fond des choses. Elles arriveront au même résultat que les hommes, mais de manière plus prudente, en franchissant l’escalier marche par marche. »
Et d’assurer « oui, les femmes s’intéressent aux projets innovants, mais pas forcément technologiques ; ce qu’elles recherchent, c’est l’amélioration d’usage, l’innovation éthique, tout ce qui sera très utile pour la société : or, ce ne sont pas les entreprises qui sont les moins créatrices d’emplois, car on le sait bien, l’avenir est aux services. »
De l’habitat participatif à la mini-crèche
Lorsque les femmes chefs d’entreprise membres de cet incubateur de 100 m2 et au budget de 150 000 euros, égrènent leur activité, on perçoit concrétement cette différence.
Ainsi, par exemple, Cécile, Ingénieure dans le bâtiment a créé l’entreprise Hapara pour développer l’habitat participatif : elle monte avec des habitants des projets collectifs d’immeubles privés offrant des espaces collectifs.
Cécile qui vient du marketing a développé de son côté une gamme de tenues de jour et de nuit pour des pré-adolescentes que ces dernières peuvent customiser. « De fabrication française », précise-t-elle.
Mère de deux enfants, Sandrine a créé, lorsqu’elle s’est retrouvée au chômage, sa première mini-crèche à Grenoble en janvier dernier. Elle s’apprête à en ouvrir une deuxième.
Nicola (sans « s », prénom féminin) a mis en ligne, une place de marché de vente de vins (cavo.com), offrant aux viticulteurs la possiblité d’écouler une partie de leur production en ligne. Elle compte à ce jour soixante vignerons qui lui ont fait confiance.
Dernier exemple : Stéphanie a créé des « chéques taxi », non monétisables permettant aux jeunes sortant en boite de nuit le soir de rentrer à la maison sans danger. Une initiative qui a reçu le soutien de la Ville de Lyon, etc., etc.
« Pionnières » étant pour l’heure le seul incubateur au féminin de Rhône-Alpes, les femmes adhérents proviennent de toute la région. D’où, annonce Claire Saddy, « vu la demande, nous allons créer prochainement un incubateur similaire à Grenoble. »
Un taux de survie à trois ans de 88 %
Tous ces projets demandent, selon leurs besoins, de 7 000 à 200 000 euros de capital. Le rôle de l’incubateur est bien évidemment comme toutes les structures de ce type, d’accompagner les dirigeantes de ces jeunes pousses en leur prodiguant force conseils, mais aussi en les aidant à rechercher des capitaux.
La structuration en réseau des incubateurs « Pionnières », au nombre de quinze en France, facilite les choses.
Avec ce résultat à la clef : un taux de survie de 88 % à trois ans des entreprises dans l’ensemble du réseau « Pionnières » de France. Pour l’heure l’incubateur lyonnais n’a eu à déplorer qu’un seul échec.
Photo (DL)-Des chefs d’entreprise membres de l’incubateur au fémini ; en médaillon, Claire Saddy, la présidente.
Publiée le 15 févr. 2013 par LARGERON Dominique. Mis à jour le 18 févr. 2013
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