– Bonjour, peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Bonjour également. Je suis donc Sylvie, je viens de la Réunion et je suis chef d’entreprise. Après une expérience dans le conseil à Paris, je me suis installée avec mon compagnon dans la banlieue de Toulouse. C’était en 2011. A l’annonce de ma grossesse, j’ai exploité un statut d’AE que j’avais pris pour une mission supposée être du « one-shoot » pour réaliser diverses petites missions. C’est comme ça que j’ai commencé à entreprendre en tant que consultante indépendante.
– Peux-tu nous présenter ton entreprise ?
A la naissance de notre fils, en 2014, avec mon compagnon nous avons monté une société de création de produits de puériculture innovants : Doucenfance. Notre objectif est de fournir les solutions que nous aurions aimé avoir. Comme tous les nouveaux parents nous avons eu des difficultés, des surprises, des bonnes des moins bonnes, et des idées. Nous avons exploité notre expérience dans le conseil en innovation pour en faire quelque chose de ces idées. Lui s’occupe plus des aspects techniques et normatifs et moi plus de la communication, et du marketing.
Aujourd’hui nous avons enfin sorti notre premier produit : les Croquijoux. Ce sont des colliers de portage et d’allaitement lavables et colorés. En plus d’être beaux bien sûr. Ils ont été testés en laboratoire afin de s’assurer de leur innocuité chimique et leur résistance mécanique, notamment aux morsures. Nous avons un autre projet dans les cartons depuis le début de la société, mais la conception de ce produit, qui sauvera de nombreux jeunes parents, prend du temps. Nous sommes particulièrement attentifs à la sécurité et aux contraintes normatives, aussi nous souhaitons aller le plus loin possible en matière de sécurité ; c’est cela qui prend du temps, mais nous ne transigeons pas sur ce point.
– Comment t’es venue l’idée? Qu’est-ce qui t’a motivé et convaincu de lancer ce projet ?
Quand on passe des nuits blanches, on a le temps de réfléchir ! Nous avions des idées, nous avions des compétences (il est docteur en chimique, j’ai fait une école de commerce, nous avons travaillé dans le conseil en innovation), j’étais déjà à mon compte, et pôle emploi nous assurer une stabilité financière sur le démarrage. Si nous ne nous lancions pas à ce moment-là, nous n’aurions peut-être plus eu l’occasion. Alors on a sauté le pas. Ensemble.
– Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui se lance dans la création d’une entreprise ?
Je n’ai pas abordé mon activité première. Celle que j’avais avant Doucenfance et que je vais reprendre plus largement. Je travaille à l’accompagnement des entrepreneurs. La première chose que je conseille c’est de s’entourer. Professionnellement et personnellement. Avoir des associés, ou simplement un réseau avec qui partager, c’est indispensable. Et si dans la vie personnelle ça ne suit pas, c’est vite compliqué. Il faut que l’entourage soutienne le créateur et il faut que le créateur aille aussi chercher du soutien auprès d’autres professionnels et entrepreneurs. Le réseau est indispensable. Et puis le réseau c’est des clients potentiels, des prescripteurs potentiels, des fournisseurs potentiels, des partenaires potentiels, … Une potentialité magnifique à exploiter.
– Comment s’organisent tes journées de chef d’entreprise?
Je travaille à domicile. Mon bureau est dans le salon alors ce n’est pas simple tous les jours de se mettre à son bureau. Surtout quand il est encombré par les peluches, les couches, les livres etc. En général j’arrive à travailler la journée et surtout le soir, après que tout le monde soit au lit. C’est plus facile de travailler quand personne ne vient déranger. Le plus gros de mes journées sont occupées par Doucenfance et l’identification de partenaires potentiels, de distributeurs, l’analyse des concurrents, …
– Mampreneur, qu’est-ce que cela signifie pour toi ? Pourquoi as-tu adhéré à l’Association des Mampreneurs ?
J’ai rencontré les Mampreneur au salon de l’entreprise. Je voyais arriver sur moi, gros comme une maison, un bordel monstrueux avec un cumul de fonctions (être maman, travailler pour Doucenfance, être consultante indépendante et travailler sur des projets différents). Et ça n’a pas loupé. Les Toulousaines peuvent témoigner du bordel monstrueux que je suis, enfin que je suis en passe de ne plus être. Etre mampreneur je crois que c’est ça, être débordée de partout sur tous les plans, mais réussir à faire le ménage et à tout équilibrer. Pour le coup, les Mam’ m’ont bien aidé en me faisant prendre conscience des différents points sur lesquels jouer, pour peu à peu remettre de l’ordre.
Du coup avec les conseils et l’aide de mon compagnon, entrepreneur expérimenté à présent, je vais reprendre ma première activité, le conseil en innovation, à plein temps. Je suis en phase de (re)structuration de cette activité avec l’aide de certaines Mam’. Mon travail avec notre société Doucenfance va continuer, mais en sous-traitance et de façon moins importante sans doute. Je lui confie le bébé en toute sérénité. Quand est-ce qu’on aide les papas à monter un réseau de « papa-entrepreneurs » ?